Newman en qualité de converti et de conseiller de convertis
P. Peter Willi FSO
Le Cardinal John Henry Newman (1801-1890) tient son rang parmi les convertis les plus célèbres de l’Église catholique romaine. H.J. Coleridge, S.J., écrit dans sa notice nécrologique : « Le cheminement d’une conversion authentique est rarement sans la trace de l’ombre de la croix, mais, quand il s’agit du Cardinal, il s’agissait de véritables affres de l’accouchement. C’est en ceci qu’il est devenu pour de nombreuses âmes le père au sens le plus fort du terme – il les avait précédées en surmontant pour elles
Abbé Jean-Pierre Herman Lorsqu’on parle aujourd’hui de John Henry Newman, on voit généralement le penseur, le théologien, le pasteur peut-être aussi ; en bref, celui qui, en 41 volumes, a touché à tous les domaines de la théologie, du dogme chrétien et de la spiritualité. Rarement, on fait allusion à la sensibilité liturgique de cet auteur prolifique.
Pourquoi a-t-il été béatifié ? Qu’est-ce qu’il a à nous dire ? A ces questions, on peut donner beaucoup de réponses, qui ont été développées dans le contexte de la béatification. Je voudrais relever seulement deux aspects qui vont
Dans sa Lettre Apostolique Novo millennio ineunte, le Pape Jean-Paul II a énuméré certaines priorités de la pastorale de ce nouveau millénaire. Il a rappelé avant tout la vocation de tous les chrétiens à la sainteté. « Et tout d’abord je n’hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté. »
Newman, dans son idée d’évolution a présenté sa propre expérience de conversion, jamais achevée; il nous a offert ainsi l’interprétation non seulement de la doctrine chrétienne, mais aussi de la vie chrétienne. Je crois que le signe caractéristique d’un grand maître dans l’Eglise est qu’il enseigne non pas seulement par ses idées et ses paroles mais aussi par sa vie car en lui pensée et vie se compénètrent et se déterminent mutuellement. Si cela est vrai, Newman appartient en vérité au nombre des grands maîtres de l’Eglise car il touche notre coeur et illumine notre intelligence.
Le 15 mai 1879, le pape Léon XIII élevait John Henry Newman à la dignité de cardinal, reconnaissant ainsi son influence extraordinaire non seulement auprès des fidèles de l’Angleterre mais aussi de ceux de l’Eglise entière. Pour commémorer cet événement, nous publions la conférence dans laquelle le cardinal Joseph Ratzinger, maintenant le pape Benoît XVI, révèle son approche personnelle de Newman, tout en soulignant la pertinence de l’œuvre de ce grand maître pour l’Eglise de notre temps. Cette conférence a été donnée à l’occasion du centenaire de la mort de Newman (1990) lors du symposium organisé par le Centre international des amis de Newman, dirigé par la famille spirituelle de «L’Œuvre».
Sr. Kathleen Marie Dietz Newman écrit dans son livre Apologia Pro Vita Sua que son entrée dans l’Église catholique était « comme accoster au port après une grosse mer »1. Dans la réflexion qui suit nous voudrions revoir un peu cette scène et y ajouter une image supplémentaire, celle du phare qui aida Newman à trouver le port. Cela nous amènera à explorer la question qui souleva cette « grosse mer », cette question à laquelle Newman dut trouver la réponse qui lui permit de rejoindre le port. Cette question, en bref, est celle de l’Église. Mais quel fut ce phare qui guida Newman à travers la grosse mer jusqu’au port qu’est l’Église catholique? Ce phare fut la Divine Providence.

