La providence de Dieu dans notre vie

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… Nous sommes entièrement dépendants de la providence de Dieu, et la reconnaissance pour cela même, avec le souvenir très net de tout ce qu’il a fait pour nous. Que nous prenions l’habitude de regarder tout ce que nous possédons comme un don de Dieu, accordé sans être mérité, et à nous renouveler jour après jour par sa seule miséricorde. Il nous a donné ; il peut reprendre. Il nous a donné tout ce que nous avons, la vie, la santé, la force, la raison, la joie de vivre, la lumière de la conscience ; tout ce que nous avons de bon et de saint en nous ; la foi que nous avons, notre volonté renouvelée, cet amour pour lui, une certaine maîtrise de nous-mêmes, et la promesse du ciel. Il nous a donné une famille, ses amis, une éducation, une formation, la connaissance, la Bible, l’Église. Tout vient de lui. Il a donné ; il peut reprendre. Et s’il venait à reprendre, nous serions appelés à suivre l’exemple de Job, et à être résignés : « Le Seigneur avait donné, le Seigneur a repris : que le nom du Seigneur soit béni  » ! » Tandis qu’il continue à nous dispenser ses bienfaits, nous devons marcher sur les pas de David et de Jacob, en vivant dans une louange et une action de grâces continuelles, et en lui apportant l’offrande de tout ce qui lui est dû.

Nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes, pas plus que ce que nous possédons ne nous appartient. Nous ne nous sommes pas mis au monde nous-mêmes ; nous ne pouvons pas régner sur notre propre vie. Nous ne pouvons pas être notre propre maître. Nous sommes la propriété de Dieu par la création, par la rédemption, par la régénération. Il a un triple droit sur nous. Et c’est en cela, ne croyez-vous pas, que réside notre bonheur. Gardons-nous de croire que nous trouverons le moindre bonheur, ou le moindre réconfort, dans l’idée que nous nous appartenons à nous-mêmes. Certes, lorsque l’on est jeune et prospère, on peut avoir tendance à penser que c’est merveilleux d’en faire toujours à sa guise, du moins comme on le croit; de ne dépendre de personne, de n’avoir à penser à rien qui soit en dehors de ses préoccupations immédiates ; et de ne pas connaître l’irritation d’avoir continuellement à faire preuve de reconnaissance, continuellement à prier, et de se référer sans cesse à la volonté d’un autre. Mais au fur et à mesure que le temps passe, on ne tarde pas à s’apercevoir, comme l’ont fait les autres avant nous, que l’indépendance n’est pas faite pour l’homme, que c’est en fait un état contre nature dont on peut s’accommoder pour un temps, mais qui ne saurait nous amener à bon port. Non, nous sommes des créatures ; et, en tant que telles, nous avons deux obligations : la soumission et la reconnaissance.

Considérons donc la providence de Dieu envers nous d’une façon plus spirituelle que nous ne l’avons fait jusqu’ici. Essayons d’acquérir une vue plus juste de ce que nous sommes, là où nous sommes, dans son royaume. Efforçons-nous, avec humilité et respect, de reconnaître que sa main nous a guidés dans les années que nous avons vécues jusqu’ici. Rappelons-nous avec reconnaissance les nombreuses grâces qu’il nous a accordées dans le passé, les nombreux péchés dont il n’a plus voulu se souvenir, les nombreux dangers qu’il nous a évités, les nombreuses, prières qu’il a exaucées, les nombreuses fautes qu’il a corrigées, les nombreux avertissements, les nombreuses leçons, toute la lumière et l’abondant réconfort qu’il nous a donnés à maintes reprises. Considérons les temps et les saisons, les époques de difficultés, les moments de joie, d’épreuves et de rafraîchissement. Comme il nous a chéris en tant qu’enfants ! Comme il nous a guidés à cette époque dangereuse lorsque notre esprit commençait à penser par lui-même, et notre cœur à s’ouvrir au monde ! Comment, avec ses douces réprimandes, il a su freiner nos passions, refréner nos ambitions, calmer nos craintes, raviver notre lourdeur, adoucir notre désespoir, et fortifier nos infirmités ! Comme il nous a tendrement guidés vers la porte étroite ! Comme il nous a attirés le long de son chemin éternel, qui nous paraissait pourtant bien sévère et solitaire, et si mal éclairé ! Il a été tout pour nous. Il a été, comme il l’avait été pour Abraham, Isaac, et Jacob, notre Dieu, notre bouclier, et notre grande récompense, promettant et accomplissant, jour après jour. « Jusqu’ici il nous a aidés. » « Il a pris soin de nous, et il nous bénira. » Il ne nous a pas créés pour le néant ; il nous a amenés jusqu’ici, afin de nous faire avancer encore plus loin, et de nous conduire jusqu’au terme. Il ne nous laissera ni ne nous abandonnera jamais ; de sorte que nous pouvons dire avec assurance : « Le Seigneur est mon aide ; je ne craindrai pas ce que la chair peut me faire. » Nous pouvons « rejeter tous nos soucis sur lui, car il prend soin de nous ». Qu’importe de quoi sera fait notre chemin futur, pourvu que ce soit celui qu’il nous a tracé ? Que nous importe par où il nous fera passer, si nous avons la certitude qu’à la fin il nous conduira à lui ? Que nous importe ce qu’il met sur nos épaules, aussi longtemps qu’il nous rend capables d’avancer avec une conscience pure, un cœur sincère, ne désirant rien de ce monde plus que lui ! Que nous importe quel malheur nous frappe, s’il se tient à nos côtés pour nous protéger et nous affermir ? « Toi, Israël, dit-il, tu es mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, race d’Abraham, mon ami […] Ne crains pas, vermisseau de Jacob, et vous, hommes d’Israël ; je t’aiderai, dit le Seigneur, ton rédempteur, le Saint d’Israël. » « Et ainsi parle le Seigneur qui t’a créé, Jacob, et celui qui t’a modelé, Israël. Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi. Même si tu traverses les eaux, je serai avec toi, et les rivières, elles ne te submergeront pas. Quand tu passerais par le feu, tu ne te brûleras pas ; et les flammes ne s’allumeront pas sur toi. Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton sauveur » (Is 41, 8.14; 43, 1-3.).

Extrait du Sermon : PPS V, 6 Souvenir des Grâces passées, Les Editions du Cerf, 2000, 79-81.