Père Dominique Barberi…

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Littlemore, le 8 octobre 1845

Chère Mrs Bowden,

J’attends ce soir le Père Dominique, le passioniste qui, venant d’Aston, dans le Staffordshire, se rend en Belgique pour assister à un Chapitre de son Ordre ; et c’est lui qui, s’il plaît à Dieu, m’admettra demain ou vendredi dans ce que je crois être le seul Bercail du Christ. Deux autres membres de notre groupe, Bowles et Stanton, doivent être reçus en même temps que moi. Christie, si vous le con­naissez de nom, qui a passé ici toutes les vacances, doit aller au­jourd’hui même voir un prêtre à Londres. Ces mouvements concor­dants procèdent de la sympathie plus que d’autre chose.

Pour ma part, j’ai trouvé que mon travail était presque fini, que l’impression avançait lentement et que certains amis avaient des ob­jections tant pour Noël que pour l’Avent, périodes durant lesquelles ils préféraient ne pas être perturbés, aussi ai-je décidé d’agir tout de suite. Et puisqu’il m’avait fallu jusqu’ici agir selon mon propre sens du bien, je n’ai pas été mécontent qu’un appel extérieur, à ce qu’on pourrait croire, vienne abréger mon attente et me remémorer l’ap­pel soudain de saint Matthieu ou de saint Pierre, et la terrible sou­daineté du Jugement. Aussi quand Dalgairns, qu’il a reçu dans l’Eglise, a invité le Père Dominique à s’arrêter ici pour une nuit, j’ai décidé de profiter de son passage. Il ne connaît pas encore mes in­tentions. J’ai vu le Padre une fois le jour de la Saint-Jean-Baptiste, l’an dernier, et je lui ai montré notre Chapelle. C’était un petit pauvre qui (je crois) gardait les moutons près de Rome et depuis son plus jeune âge, ses pensées ont été de façon très claire et très singulière tournées vers la conversion de l’Angleterre. C’est un homme avisé et intelligent, mais aussi simple et naturel qu’un enfant et d’une singu­lière bienveillance dans les jugements qu’il porte sur les personnes pieuses de notre confession. Je voudrais que tout le monde soit aussi charitable que lui. Après quelque trente années d’attente, ses supé­rieurs l’ont soudain envoyé en Angleterre, sans qu’il ait rien fait pour cela. Cependant il n’a pas œuvré dans les conversions, mais s’est cantonné dans les missions et les retraites parmi les siens. Je le tiens pour un très saint homme.

J’ai tant de lettres à écrire que je dois m’interrompre. Je n’en­verrai cette lettre que lorsque tout sera accompli.

Affectueuses pensées à vous tous, ma chère Mrs Bowden.

Très sincèrement Vôtre, John H. Newman.

lettre de John Henry Newman à Mrs. J. W. Bowden,

Cardinal Newman, Choix de lettres, Tequi, Paris, p 103.

BEATIFICATION DU CARDINAL JOHN HENRY NEWMAN
Lettre du Supérieur Général P. Ottaviano D’Egidio CP